Le bilan 2016
Flashback
Un an en arrière. Je vivais les instants les plus noirs de ma vie : perdre en même temps l’Homme de sa vie et l’enfant que je portais de lui…
Je naviguais dans un océan obscur. À chacun de mes réveils, j’avais cette impression qu’il allait m’engloutir.
J’en avais parfois envie, de me laisser aller, lasse, usée, de me laisser couler. Fermer les yeux et ne plus penser. Ne plus souffrir.
Je savais « Qu’un jour tout irait mieux », la petite phrase que tout le monde répète pour tenter de te soutenir, que tu te répètes toi aussi, en guise d’auto-persuasion. Mais j’avais l’impression qu’à chaque tentative de rejoindre la surface, une nouvelle vague s’abattait sur moi… Un enfer en cercle-vicieux.
L’année de l’ascenseur émotionnel
Cette année fût la plus intense que j’ai vécue de ma vie. La fin d’un cycle sans doute.
Parfois un grand virage à 180 est nécessaire. Je ne m’étais pas préparée à ce qu’il soit si violent.
J’ai eu des moments DOWN
• redescendre son train de vie de 10 crans, pleurer et faire des insomnies à cause du manque d’argent, de la peur d’être à la rue, des « comment vais-je faire » et renoncer à son ancienne vie,
• devoir surmonter les réveils difficiles après les cauchemars, la nuit, de l’ex,
• L’ex justement, qui fait en sorte de ne pas complètement sortir de ta vie, histoire que ce soit un peu plus difficile pour toi : refus de ferme le compte commun, qui ne comprends pas l’annulation du mariage, mais qui poste des photos se pavanant d’amour avec sa nouvelle Dulcinée, qui va, jusqu’à en inviter ta meilleure amie, sans l’ombre d’une hésitation, sans l’ombre d’une petite souffrance à l’horizon, lorsque toi, tu te bats encore pour trouver ton nouvel équilibre,
• voir tes amis s’éloigner, et ne plus donner signe de vie, te sentir isolée, seule, chaque jour un peu plus,
• devoir annuler son projet de voyage humanitaire,
• mettre de la distance avec certains membres de sa très proche famille, devenus trop critiques, assaillant le dernier coup alors que l’on a déjà un genou à terre,
• refuser l’amour d’un homme car « on aime encore son ancien couple, sa vie du passé, l’avant, l’autre, ce qui n’existe plus »,
• accepter de se dire qu’on s’est battus, gâchés, soi et son couple, durant des années contre une soi-disant stérilité…alors qu’il n’en est rien,
• voir toute sa vie chuter alors que l’on en est pas responsable : ça, c’est un véritable échec. L’ego se prend une bonne claque,
• constater que tous ses curseurs de « Bonheur » sont en fait des leurres, basés sur des mensonges, et qu’il faut tout détruire, pour reconstruire, dans une violence infinie qu’on s’était promise de ne plus jamais vivre.
Je nageais en plein chaos en quelques sortes…
Mais j’ai aussi vécue des moments UP
• assister au Salon We are Travel à Bruxelles, y faire de jolies rencontres comme Margaux, Marion, Amélie, Lily…qui m’a donné hâte d’être au WAT 2017 au Quebec !
• découvrir les bienfaits du Yoga : s’autoriser à lâcher-prise, être vulnérable, se détendre, relaxer tout en travaillant la souplesse du corps, peu à peu, en douceur,
• se prendre de passion pour la couture, reprendre le tricot abandonné 2 ans plus tôt, et fabriquer mille choses avec ses 10 doigts,
• vivre un mémorable blogtrip en Corse où j’y ai rencontré de supers nanas : re-Amélie, re-Lily, Emmanuelle, Jenny, etc… Merci Emmanuel !
• découvrir le merveilleux pays qu’est le Sri Lanka, et ses plantations de thé, l’Ascension de l’Adams Peak, conduire un tuk-tuk, nourrir les tortues de mer, bref, voyager !
• passer quelques jours à Lisbonne et tomber en amour des petites ruelles escarpées du Bairro Alto et de L’alfama, de Belém et sa Tour fièrement dressée, de Cascais, petit village au bord de mer,
• renouer avec un ancien ami, Jean-Patrick, qui a manqué a ma vie des années durant, avec qui j’aurai voulu partager mille joies et peines,
Et, le moment le plus inattendu et le plus UP d’une vie : L’arrivée d’un bébé surprise.
Il n’était pas prévu au programme celui-là.
En tout cas, pas comme ça, pas à cette période, pas dans ce contexte, dans cette vie chaotique dans laquelle je me démenais.
Et puis, le corps médical m’avait dit que je ne pourrai pas tomber enceinte « naturellement », d’où ces 2 années de Fécondation In Vitro, à coup de piqures d’hormones, de dictature médicale sur les choses autorisées : quand faire l’amour, quand s’arrêter, les prises de sang, les examens de plus en plus invasifs, qui vous bouffent littéralement de l’intérieur.
Parfois la vie nous fait un beau pied de nez.
Il s’est installé pendant le We Are Travel 2016. Il a (sur)vécu au blogtrip en Corse les repas bien arrosés, le tyrrotrekking, une journée de kart, des kilomètres dévalés au Portugal, puis au Cap-Vert, et s’est accroché. Je ne m’en suis rendue compte qu’à 2 mois de grossesse, 15 jours avant mon départ au Costa Rica, premier voyage en solo qui devait durer 3 mois. J’ai insisté, ragé pour partir, mais il a bien fallu me rendre à l’évidence : Zika, la météo tropicale, en pleine saison des pluies, à 2 jours de marche d’un centre médical, il fallait avorter le projet humanitaire… (Sic).
Il a fallu aussi accepter sa présence, à ce petit Être qui est venu se loger sans rien demander !
Devoir accepter que je n’étais pas infertile après 4 années à m’en convaincre, à trouver une autre « destinée », tournée vers le voyage, la photo, histoire de combler un trou béant, celui de l’impossibilité de devenir mère. Pas par choix, mais par obligation.
À la poubelle les journées de déprime où j’écoutais « J’veux un enfant » de Brigitte, les journées où l’ex se murait dans un silence de moine, et moi dans l’incompréhension.
Souffrir moralement de le voir souffrir de ne pouvoir m’offrir la chose la plus naturelle du monde, de voir son corps se déformer, sa vie intime se briser…
Souffrir physiquement aux traitements trop forts. Entendre son corps dire « Stop » mais ne pas l’écouter et l’obliger à supporter toujours un peu plus, pour être un dossier patient qui passe de la pile « Échecs » à la pile « Réussite ».
À la poubelle les rendez-vous pour adopter un enfant, avec les assistants sociaux de la DASS (mon côté provoc’, je sais qu’ils détestent qu’on nomme encore ainsi, alors qu’ils ont préféré « Paris Adoption », ça sonne mieux…) à se faire juger : « Pourquoi ne pas vous marier à la va-vite, vous pourriez gagner des points pour votre dossier d’adoption ? Pourquoi laisser tomber les FIV ? Comment envisagez-vous l’arrivée d’un enfant ? Le Sida, ça vous fait peur ? Et le syndrome d’alcoolisation foetale, vous connaissez ? ».
Tout cela a accepter d’un coup. Et sa présence à ce bébé.
Présence que je n’ai pas crue, malgré 2 tests de grossesse, 3 prises de sang pour vérifier que le Taux de Béta-HCG double bien – et oui, le parcours PMA à fait de moi une pro des procédures… – et 1 échographie, où j’ai entendue son coeur, où je me disais : « Mais non, c’est pas dans mon ventre, c’est pas possible, c’est juste un écran de télévision ».
Et puis accepter sa réalité, c’est aussi accepter le décès de mon premier enfant, celui que je portais de l’ex. (Et cela, je crois que je n’y arrive encore pas.). Celui dont je ne connaitrai jamais le sexe, les mouvements, le profil… Accepter aussi qu’un « autre » ait « réussi » là où l’Homme que j’aimais de tout mon Être a échoué. Accepter qu’un autre soit « lié » à vie avec moi.
Dans un déni total. Jusqu’à son premier coup de pied.
Aujourd’hui, je ne réalise ce qui m’arrive que rarement dans la journée.
Et pourtant, je me surprends à lui parler dans le bain à ce Petit Pomelo, comme j’aime l’appeler. Je le dorlotte, le caresse. Je m’agace après lui aussi lorsqu’il est agité et donne des coups trop fort, m’excuse quand je m’emporte et m’engueule avec son Papa, et que je le sens se faire « tout petit, comme transparent »…
En fait, je crois que je l’aime déjà. Beaucoup, mais sans en faire trop. Je ne veux pas mettre sur ses fragiles épaules le poids de mon passé.
Il est ma plus belle Revanche sur la Vie.
Horizon 2017.
Il n’est pas chose aisée de savoir garder le cap sur les « signes » et d’y voir une signification.
La vie pose des signes sur sa route, il ne tient qu’à soi de les ignorer, ou de les regarder, de les mettre dans un coin de son esprit.
Un peu de sable positif et de bonne humeur, et puis, un jour, tu te réveilles, et tu constates que le sable de bonheur s’est éparpillé partout et à envahi ta vie !
1 an après les événements les plus douloureux auxquels j’ai du faire face, l’équilibre est fragile, il vacille encore et cela prendra du temps, je le sais. Je sais aussi que je suis une battante. Je tombe très (trop ?) bas, mais arrive à me relever.
Mais surtout, à presque 7 mois de grossesse, je vois 2017 arriver et j’ai hâte.
Hâte de poursuivre mes projets pour moi, nous et Petit Pomelo, hâte de déménager dans le Sud, de voyager, encore et toujours, de travailler encore plus dur pour le blog, de continuer la photographie et me perfectionner en vidéo…mais surtout Hâte de serrer mon Fils dans mes bras !
Une nouvelle aventure
Mais avant d’entrer à pieds joints dans une nouvelle aventure qui durera toute une vie, celle d’être parents, nous partons à nouveau en voyage : dans 4 jours, nous prenons l’avion, Hugues, Petit Pomelo et moi pour Le Cabo Verde ;-)
J’espère y faire de nouvelles rencontres, voir de nouveaux paysages, apprendre de nouvelles choses, qui nous montrent que tout est fait de nuances de gris dans la vie, que rien n’est tout noir ou tout blanc…
Un magnifique article!!